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Premier exportateur de viande bovine au monde avec 1,8 Mt vendues, le Brésil compte, avec l’Inde, l’un des plus importants cheptels de bovins, proche de 200 millions de têtes, dont environ 23 millions de vaches laitières (3,6 millions en France). Le système de production prédominant est basé sur le pâturage continu toute l’année avec parfois la finition d’animaux de boucherie en “feed lots” (parcs d’engraissement). Les fourrages conservés sont essentiellement utilisés dans les systèmes laitiers intensifs. Ainsi, les prairies, les champs de maïs et de soja remplacent insatiablement la forêt et l’agriculture occupe désormais 26 % de la surface amazonienne.
BOS INDICUS
Le troupeau brésilien est composé en majorité de races de type zébu, de la sous-espèce Bos indicus, reconnaissable à leur bosse sur le dos et à leurs oreilles tombantes. Les autres sont des races d’origine européenne de type Bos taurus, comme la Prim’holstein, l’Angus ou la Hereford.
Les zébus se scindent en plusieurs races : on y trouve celles répandues sur le continent sud-américain comme la Nelore (viande) ou la Gir (mixte lait/viande). Elles trouvent en fait leur origine en Inde d’où elles ont été importées au XIXe siècle. Gir et Nelore sont des bovins adaptés par excellence aux conditions d’élevage en zone chaudes et humides. Ces deux races ont servi à élaborer l’American Brahman, sélectionné aux Etats-Unis au siècle dernier. Le Brahman s’est ensuite largement répandu dans de nombreux pays tropicaux pour l’élevage allaitant extensif. On le trouve essentiellement en Amérique du Sud, Mexique, Usa, aux Antilles, en Guyane, en Nouvelle-Calédonie et jusque dans les plaines d’Australie.
Taureau American Brahman, une race couramment utilisée dans nos départements d’outre-mer (Martinique notamment). (©V8Ranch)
NELORE, LE ZÉBU À VIANDE
De loin le plus utilisé pour la viande au Brésil : le zébu Nelore. Cependant, les races anglo-saxonnes (Angus ou Hereford) gagnent du terrain en croisement comme en race pure, notamment dans le sud du Brésil.
Principale race à viande du Brésil, le Nelore résiste à la chaleur, aux périodes de disettes et à certaines maladies tropicales véhiculées par les insectes. (©LH.Pitombo)
Très rustique, le Nelore est bâti pour résister aux fortes chaleurs des tropiques grâce à des glandes sudoripares très développées et à sa peau noire recouverte de poils blancs qui le protège du soleil. La race s’est aussi adaptée aux insectes grâce à sa peau lâche mais dense qui rend l’animal moins sensible aux tiques et aux moustiques. Il possède une couche musculaire sous-cutanée efficace pour faire trembler la peau et éloigner les insectes.
Bon marcheur et bon transformateur de fourrages grossiers en viande, le Nelore sait s’adapter à des restrictions en eau lors d’une sécheresse et peut différer sa croissance en cas de disette sans que cela ne se répercute sur la reproduction et le poids adulte. Sa capacité à grossir dans les périodes fastes et à maigrir en conditions difficiles, associée à sa résistance aux ballonnements, font que les jeunes Nelores semblent plutôt bien s’adapter au régime imposé dans les feed lots.
La vache Nelore présente en outre de bonnes capacités de vêlage et qualités maternelles. Elle est souvent utilisée en croisement avec des races européennes bouchères qui apportent davantage de vitesse de croissance, de poids et de conformation musculaire. Généralement, la viande de zébu est peu persillée et donc pauvre en cholestérol, mais également moins savoureuse. Par ailleurs, le gène dominant Polled (sans cornes) est connu dans la race depuis plus de 50 ans et les taureaux polled semblent appréciés pour faire des veaux qui ne se blesseront pas dans les feed lots.
GIR ET GIROLANDA POUR LE LAIT
La race laitière locale, utilisée dans les fermes familiales et dans les systèmes laitiers peu intensifs, s’appelle la Gir (ou Gyr cow). C’est également une sous-espèce de type zébu (Bos indicus) présentant des qualités de résistance à la chaleur, aux insectes et à certaines maladies tropicales, comme son cousin le Nelore. La Gir est une vache de petite taille (moins de 400 kg) avec une robe rouge tachetée. Elle est particulièrement grégaire : les vaches ne s’écartent jamais du troupeau et dorment serrées les unes contre les autres. La race serait par ailleurs très docile avec les humains.
Originaire du Gujarat dans le sud-ouest de l’Inde, la Gir est bien plus abondante au Brésil que dans son berceau d’origine et a même failli disparaître d’Inde. Depuis les années 1960, le Brésil exporte de nombreux animaux Gir vers l’Inde, qui redécouvre leurs qualités laitières en milieu difficile.
Vaches laitières Gir dans un ranch familial. (©LH.Pitombo)
Selon l’association brésilienne des éleveurs de Gir, le niveau moyen de production avoisine les 3.600 kg de lait en 305 jours avec une alimentation basée sur le pâturage.
Néanmoins la majorité du troupeau laitier brésilien est composé de vaches Girolanda (ou Girolando, issu de la contraction de “Gir” et de “Hollande”), un croisement entre la Gir et la Prim’holstein, pour allier les qualités des deux races en conditions tropicales. Les vaches ¾ Holstein ¼ Gir donnent en moyenne 4.500 kg de lait par lactation, mais il n’est pas rare que certains élevages dépassent les 8.600 litres avec des conditions d’élevage plus favorables.
Vache Girolanda, un croisement avec la Prim’holstein. (©LH.Pitombo)
La Girolanda est la “race” laitière la plus utilisée au Brésil. (©LH.Pitombo)
Dans les élevages industriels, les troupeaux Holsteins purs visent des niveaux de production élevés avec une moyenne des animaux brésiliens contrôlés de 9.470 litres en 2012. La recette : maïs + soja + ventilateurs + logettes sur sable + 3 traites/jour. (©LH.Pitombo)
Autre race mixte lait/viande brésilienne d’origine indienne : le zébu Guzera, réputé très résistant à la sécheresse et la chaleur. (©braziliancattle / J.Bison)
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