Produits agricoles en Casamance

Les femmes au cœur de la transformation

L’agriculture constitue l’une des principales activités économiques de la Casamance. Si la région offre d’énormes potentialités avec ses terres arables à foison et sa pluviométrie favorable, un grand défi se doit d’être relevé. Il s’agit de la transformation des produits agricoles. Des femmes ont investi le secteur. Elles espèrent dépasser l’industrialisation à l’état embryonnaire et investir le marché d’au-delà de nos frontières

 

La Casamance, cette région verdoyante, située au Sud du Sénégal, est perçue par plusieurs spécialistes comme le grenier potentiel du Sénégal. De Ziguinchor à Kolda, en passant par Bignona, Oussouye et Sedhiou, la population s’est dans une très grande proportion tournée à la terre, en se livrant à des cultures diverses et variées. De l’arboriculture fruitière, au riz, sans oublier l’anacarde, une grande diversité de cultures est promise par une terre fertile. Chaque année, les productions agricoles en générale, enregistrées dans la région sont parmi les plus importantes du Sénégal. Si une partie non négligeable est destinée à approvisionner la population, une autre est logiquement réservée aux activités commerciales. Dans ce terreau, les femmes ne sont pas en reste. Elles se révèlent même très dévouées et ambitieuses.

Noëlle Niouky, la cinquantaine, habite à Ziguinchor. C’est dans la capitale régionale et ville la plus grande du sud du Sénégal qu’elle possède une unité de transformation de l’un des produits phares de la Casamance, l’anacarde. Dans un bâtiment abritant différentes unités, elle produit du jus d’anacarde destiné au marché intérieur de Ziguinchor et du Sénégal en général. C’est tout un dispositif technique et l’aide d’employés qui lui permettent de produire plus de 260 litres de jus d’anacarde par jour. Une production importante qui renseigne sur la taille de son entreprise.

« C’est grâce au PADEC (Programme d’Appui au développement Economique de la Casamence) que j’ai eu cette unité. Je ne cesserai jamais de les remercier. Avoir un bâtiment comme ça, c’est pas donné. Nous sommes vraiment dans une entreprise maintenant », lance-t-elle. Le programme lui a en effet permis d’avoir toutes les infrastructures nécessaires pour développer son activité et de viser haut à présent. Elle se fixe comme principal objectif de développer son commerce et d’étendre ses activités au maximum possible afin de générer plus de revenus et d’offrir plus d’emplois aux jeunes.

Des difficultés ne manquent tout de même pas pour arriver à cette fin. Pour Noëlle, elles se résument principalement dans l’irrégularité du marché de la filaire anacarde. « Jusqu’à présent on ne connait pas le prix de l’anacarde et cela nous pose beaucoup de soucis. Vous ne pouvez pas travailler sur un produit sans pour autant connaitre son prix. Ce n’est pas normal ». Le prix de l’anacarde fluctue constamment en fonction de la demande qui peut être très importante avec notamment les importations indiennes. Ce qui conduit à une flambée des prix, au grand dam de Noëlle Nioucky.

A 184 km à l’Est de Ziguinchor, dans la ville de Kolda, Djadja Baldé et sa ville Mame Marie Seydi sont presque dans la même dynamique que Noëlle. Elles gèrent également une unité de transformation. La leur est plus tournée sur des produits fruitiers, telle que la pamplemousse et le citron. Elles font également des jus de bissap et transforment des céréales telles que le maïs et le fonio. Avec l’aide d’un autre employé, elles s’activent pour produire le maximum par jour.

                                 

Djadja Baldé a démarré ses activités au lendemain d’une formation à laquelle, elle a participé et qui lui a ouvert les yeux sur les potentialités qu’offre le secteur dans une région qui ne compte pas beaucoup d’unités de transformation des produits locaux. « J’ai quand même profité de cette formation. La formatrice nous venait de Ouagadougou. Elle est venu uniquement pour nous former et j’avais demandé à notre coordonnateur est ce que je pourrais participer à cette formation. Il m’a dit qu’il n’y avait aucun problème, je pouvais participer. Et parmi toutes les femmes qui ont pris part à la formation, j’étais la seule qui avait déjà commencé à transformer des produits ». Aujourd’hui son unité fait jusqu’à deux millions de chiffres d’affaire annuels selon Mame Marie Seydi « Financièrement cela nous rapporte beaucoup. L’unité a été construite en 2013-2014, et depuis lors nous faisons des chiffres d’affaire vraiment acceptables »

Leurs productions ont la particularité d’être naturelles et elles comptent s’appuyer sur cette caractéristique pour s’imposer davantage. « Nous ne faisons que des produits naturels. Notre maïs a été produit sans engrais. Aujourd’hui nous travaillons avec des institutions européennes qui travaillent sur la certification bio. Nous voulons avoir une certification pour pouvoir accéder à la chaine internationale ».

Mame Marie, qui prend le relai de sa mère est très ambitieuse et compte propulser l’entreprise. Comme Noelle Nioucky, elle se veut exemplaire pour davantage faire des émules dans la population et se montrer en véritable locomotive pour l’autonomisation de la femme, dans la partie Sud du pays.

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